Martineau à Saumur : un savoir-faire de trois siècles résolument tourné vers l’avenir
Saumur a une longue tradition de patenôtriers commencée au XVIe siècle avec la découverte d’une statue miraculeuse de la Vierge dans le quartier des Ardilliers. Au fil des siècles et des années cette activité est entrée dans l’ère industrielle générant plus de 200 emplois au sein de trois entreprises dont Martineau dans la zone Ecoparc au nord de Saumur. Jean Quentin, son actuel dirigeant perpétue la tradition tout en s’adaptant à la demande. Rencontre…
L’histoire Martineau naît au début du siècle dernier. « Léon et Charlotte Desnoue, cadres dans une entreprise saumuroise de médailles, décident de se mettre à leur compte en 1906 et ouvrent une fabrique d’objets religieux à Saint-Lambert-des-Levées. L’affaire reste artisanale, mais trouve un intéressant débouché auprès des marchandes de Sainte-Anne d’Auray.
En 1919, les Desnoue vendent leur entreprise à des neveux, Émile Pineau et surtout au fils d’un façonnier de la Maison Mayaud, Marcel Martineau, qui a reçu une formation technique poussée et qui développe les exportations, en particulier, vers l’Allemagne et la Pologne*. » L’entreprise reste dans la famille jusqu’en 2009, année où l’entreprise est mise en vente, Jean Quentin l’acquiert : « Je suis tombé sur ce dossier un peu par hasard, il n’y avait pas de repreneur pour cette entreprise saine, au réel savoir-faire et aux vraies compétences. » L’homme, approchant la cinquantaine à l’époque, a fait une brillante carrière dans l’agro alimentaire puis un passage par le bio carburant et le bio combustible avant de tenir les rênes de Martineau.
Des objets porteurs de sens
Sur le site saumurois ou bien sur celui de la filiale Béraudy et Vaure à Ambert dans le Puy-de-Dôme, « nous frappons le métal, injectons le zamak , alliage de zinc et travaillons le bois. On moule aussi la résine.» Ce sont plus d’une vingtaine de métiers qui interviennent pour créer et fabriquer, ce que nomme avec une certaine fierté légitime, Jean Quentin, « des objets porteurs de sens », l’expression est devenue signature de la marque.
À y regarder de près, chacun effectivement trouvera du sens dans un chapelet, une médaille religieuse, un insigne, une épingle à cravate… « Nous souhaitons transmettre une émotion avec nos petits objets. » Petits, certes, mais de qualité. « Tous nos produits sont créés, façonnés et finis dans les ateliers français garantissant qualité, proximité et donc réactivité », confie ce fan de la « French Fab ».
Sublimer les grandes marques
Les « petits objets » se déclinent aussi en luxe grâce aux savoir-faire de la PME. Les créations mettent encore plus en valeur l’image de grandes marques de la parfumerie, de cosmétique, de la maroquinerie et plus récemment des champagnes avec des muselets en matière précieuse.
Pour les projets à venir, ils sont nombreux dans la tête de Jean Quentin : « La réflexion sur une réorganisation de notre site à Ecoparc est entamée ». Il est vrai que les bâtiments portent les marques des années 90, voire au-delà à regarder les machines qui « font pourtant toujours de bons offices. » Ce sera aussi, pour « l’artisan industriel » la poursuite « du mariage des techniques ancestrales et actuelles. »
Après dix années comme président du groupe Martineau, Jean Quentin poursuit la destinée de trois siècles d’excellence à la française et avec… sens.
En bref
Le groupe Martineau compte 100 salariés (80 à Saumur) et réalise un chiffre d’affaires de 7 M d'€ et propose 40 000 références. Il a reçu du Ministère de l’économie en 2010, le label « Entreprise du Patrimoine Vivant » qui distingue les entreprises artisanales détenant un patrimoine issu de l’expérience manufacturière française.
*Source Joseph-Henri Denécheau / Saumur Jadis