Saint-Cyr-en-Bourg : Lucet Pierres et Outils résolument tourné vers l’avenir
À elle seule, la commune de Saint-Cyr-en-Bourg, commune déléguée de Bellevigne-les-Châteaux, recèle deux images emblématiques du Saumurois : ses vignes avec la célèbre coulée de Saint-Cyr et le tuffeau avec la carrière Lucet qui a cessé d’être exploitée l’année dernière mais qui perpétue le travail de la pierre avec les hommes et un robot. Le passage dans le troisième millénaire est en marche.
Des blocs de pierre à perte de vue au milieu des vignes, pierre de tervoux, richemond, sireuil, souppes et l’incontournable tuffeau attendent là d’être taillés afin d’embellir des châteaux prestigieux, des maisons modestes ou bien de devenir pavage. Le décor est planté. Ici ? Le siège de l’entreprise Lucet Pierres et Outils dirigée par Sébastien Guérif, héritier d’une longue histoire de tuffeau débutée en 1964 par les frères René et Jean Lucet qui commence à exploiter la carrière voisine. Elle sera vendue en 1984 au père de Sébastien, Gilles et à Lionel Giraud, son associé.
Arrêt de la carrière
Fin des années 90, Sébastien Guérif en prend les rênes. L’exploitation de l’unique carrière de tuffeau de la région se poursuit jusqu’à l’an dernier : « C’était devenu incompatible avec les prescriptions d’autorisation d’exploitation, le site est trop près de la nappe phréatique », explique l’entrepreneur. La fin annoncée a été préparée : « Nous avons développé des produits plus finis jusqu’au produit abouti tels que les corniches, des appuis de fenêtre ou bien des arcs plein-cintre avec des pierres calcaires venues de l’Ouest et du Sud-Ouest. Je développe cette partie énormément. »
Trouver un équilibre
C’est aussi l’ouverture récente d’un atelier équipé d’un robot permettant de faire la conception des plans « maison » envoyés sur la machine. Le robot inquiète toujours qui plus est dans un milieu manuel qui puise son savoir-faire depuis des siècles. « Il est nécessaire de trouver un équilibre entre l’homme et la machine, confie Sébastien Guérif. Le marché est difficile, il est donc important d’avoir un coût de revient rentable. » Dans l’atelier fraîchement rénové, deux mondes se côtoient : le tailleur de pierre et le robot. Ce dernier, avec son impressionnante scie circulaire découpe une pierre blonde sans coup férir qui deviendra des éléments architecturaux simples évitant la répétition des tâches. En face dans son box, l’artisan presque artiste taille une fleur aux fins pétales, s’inspirant de l’original sur un fronton de portail, usé par les années, placé face à lui. Les tailleurs de pierre sont aussi opérateurs sur la machine voisine et l’ensemble fait bon ménage à en juger des sourires sur les visages blanchis. « L’orientation de l’entreprise va plus vers l’aspect fini, cet outil et le travail des ouvriers le permettent.»
La niche des chaînes de sciage
L’autre activité qui fonctionne bien : la vente d’outils liés aux métiers de la pierre, du simple ciseau à l’énorme tronçonneuse. C’est aussi la fabrication de chaîne de sciage pour les machines de carrière telles que les haveuses servant à l’excavation de la pierre. « J’ai créé une autre société pour ce marché de niche extrêmement pointu. Nous travaillons principalement avec des usineurs des Pays de la Loire, une région riche dans ce domaine… Ce marché demande beaucoup d’investissements. Il est difficile : on n’existe que si l’on a la technologie et le coût intéressant. » Les produits sont principalement vendus à l’international, Europe et bientôt Canada, États-Unis, Moyen-Orient…
Tourné vers l’avenir de son entreprise, Sébastien Guérif a encore le projet d’investir en Belgique, un pays plus propice aux entrepreneurs, l’histoire, au milieu des valses des chariots élévateurs et des semi-remorques lourdement chargés de pierre ne semble pas s’arrêter de sitôt et une fois passé par là, le visiteur regarde les bâtisses en tuffeau différemment.
