Le spectacle est dans la nature
Avec 230 000 visiteurs par an, le Bioparc de Doué-la-Fontaine, commune de Doué-en-Anjou, est un des sites incontournables de l’Anjou. Trois générations s’y sont succédées, François Gay, l’actuel directeur, poursuit la démarche de préservation des espèces commencée par son père.
Ne demandez pas à François Gay, directeur du Bioparc de Doué-en-Anjou, s’il a un endroit préféré du zoo, ou pire encore, un animal préféré. Lion ou girafe, okapi ou vautour ? Une question de touriste ! Alors que pour François Gay l’endroit est d’abord un monde en mouvement, un lieu de rencontres et de découvertes… « C’est ça que je préfère : les lieux de vie, là où il se passe toujours quelque chose. Ici, si on prend son temps pour regarder, on est toujours récompensé. Chez nous, il n’y a aucun animal dressé, ils font ce qu’ils veulent, quand ils veulent. Nous préférons partager avec les visiteurs des moments spéciaux, le nourrissage des vautours par exemple. Le spectacle est dans la nature, et c’est suffisamment remarquable pour impressionner. »
Le festin des charognards se déroule dans un amphithéâtre naturel en falun, baptisé la Curée des vautours. C’est la touche de François Gay, ingénieur paysagiste diplômé de l’école de Blois (en 2001), après les Beaux-Arts. Fils et petit-fils de directeur du parc, il a grandi parmi les animaux : « Il paraît qu’à trois ans, je me promenais avec une femelle chimpanzé », et aurait pu devenir vétérinaire, « Il aurait fallu aimer les maths. J’aurais pu aussi faire une école de commerce, pour faire fructifier l’entreprise. Mais dans notre famille, on aime surtout faire plaisir et s’épanouir », sourit-il. « En fait, j’ai toujours eu comme objectif de revenir au Bioparc, avant il fallait que je trouve ma voie. » Avec le paysagisme, il a réuni ses deux grandes passions : l’esthétique et le Bioparc de Doué, avec ce qu’il faut de gestion de projet et de travail d’équipe. « Au parc, il faut imaginer des espaces qui conviennent aux animaux, aux visiteurs et aux équipes. Un vrai challenge. Pour moi, la boucle était bouclée. »
Le cadre naturel pour ADN
Tout a commencé par cette idée de génie du grand-père, de racheter ces carrières de falun oubliées. « Ce cadre naturel, c’est notre ADN », insiste le directeur. Près de 60 ans plus tard, il trouve encore dans ces paysages l’inspiration pour « innover dans la présentation ». Depuis la fin de l’année dernière, deux hectares supplémentaires ont ainsi été creusés dans le falun, pour offrir aux lions et aux guépards leur nouveau Cratère des carnivores. L’investissement s’élève à deux millions d’euros.
Sensibiliser des milliers de jeunes chaque année
Dès la conception de leur espace de vie, le bien-être des animaux est primordial. « Pierre, mon père, écolo de la première heure, a vraiment contribué à faire évoluer la profession sur ce thème », souligne François, et le Bioparc est aujourd’hui reconnu internationalement pour son expertise dans la préservation des espèces. Le zoo est une vraie pouponnière de bébés à réintroduire dans leur milieu naturel. Une cinquantaine de vautours des Gorges du Tarn est ainsi née à Doué-en-Anjou. Le parc participe aussi à 25 projets de conservation dans le monde, le cheval de bataille de Pierre. « Et nous recevons des milliers de jeunes chaque année, nous avons un rôle clé de sensibilisation », complète-t-il. Quand il a besoin d’idées, il peut encore demander aux okapis ou aux perroquets de la volière. « La rencontre est mutuelle. Ils sont curieux de nous autant que nous sommes curieux d’eux. On a besoin de cette nature, qui nous apprend des choses tous les jours… Et qui rend plus heureux. »
Ce texte est extrait du numéro 3 de la revue Cent un mille, consacré à l'économie touristique, qui vient de sortir. A lire sur notre site ou bien à recevoir sur simple demande par mail.
Photos Coralie Pilard/sce com Agglomération Saumur Val de Loire