La Breille-les-Pins : CBG Mignot, le paradis des soldats de plomb et autres figurines
De nombreuses générations d’enfants ont mené de grandes batailles, souvent victorieuses, avec des bataillons de soldats… de plomb. Détrônées par l’aluminium entre les deux guerres mondiales, puis par le plastique, les figurines font toujours la joie des collectionneurs grâce à l’unique fabriquant en France : CBG Mignot à La Breille-les-Pins. Un clin d’œil en cette période de Noël.
Dans un écrin de verdure au milieu des bois, une discrète longère abrite CBG Mignot, le temple des soldats et des figurines de plomb, maintenant plutôt un alliage de plomb et d’étain. Aujourd’hui, c’est Loïc Pemzec qui est le garant de près de deux siècles de savoir-faire et d’un patrimoine original. Contiguë à la boutique, la salle d’exposition faisant voguer l’imagination des plus petits aux plus grands à travers des dioramas marquant chaque époque avec de nombreux faits d’armes, des scènes de la vie quotidienne telle que les fêtes de village ou les moissons et l’incontournable : cirque. Le détail des pièces est saisissant sur les figurines historiques, pas un bouton ne manque sur ce grenadier de la garde napoléonienne et le porte-étendard voisin est strictement conforme à ce que fut la réalité.
La main de l’artisan
Toutes les étapes de la fabrication sont, encore aujourd’hui, faites à la main avec conscience et savoir-faire, selon des procédés ancestraux où la main et l’œil de l’ouvrier ont gardé leurs privilèges. Ici, rien d’industriel : de l’artisanat d’art. « Ce caractère fondamentalement artisanal fait qu’aucune des figurines n’est semblable à une autre, que chacune d’entre elles est, en quelque sorte, un original, et qu’on y sent toujours la main de l’artisan qui a participé à sa création », explique Loïc Pemzec, poursuivant : « Comme celle du fondeur versant à la louche le métal en fusion dont la composition allie le plomb, l’étain et d’autres alliages selon des proportions immuables. »
Les moules ? Un délice que de voir sur les étagères la collection de moules en bronze ou en acier trempé créés depuis parfois plus d’un siècle, peu utilisés de nos jours et conservés religieusement. C’est une jubilation que de voir les moules des têtes de Joséphine entre ceux de Bonaparte-NAPOLÉON, comme indiqué sur l’étagère, et de l’homme aux onze blessures : le général Oudinot. Même spectacle plus loin avec les tiroirs de drapeaux, à rendre fou de jalousie n’importe quel chef de protocole ou historien averti ; en dessous le tiroir de moules de sabre de toutes formes.
Au bonheur des nostalgiques
Après cette digression, retour à la fabrication : « Le refroidissement s’effectue à l’air libre, la pièce est démoulée et les aspérités, plans de joint et carottes (surplus de métal dans le moule) sont retirés, en quelques coups de rifloir. Cette étape s’appelle l’ébarbage. Vient alors le moment délicat de l’assemblage : les bras sont mis en place et les pièces détachées, têtes, fusils, accessoires sont assemblés au fer à souder. » Une couche d’apprêt plus tard, la figurine passe entre les mains expertes des peintres, maniant d’une main sûre leurs fins pinceaux en poils de martre. La pièce unique est prête pour rejoindre les vitrines de collectionneurs ou/et de grands enfants nostalgiques.
Une tradition française bien ancrée
La clientèle de passionnés, celle des musées, des entreprises en mal d’objets promotionnels originaux… a encore de beaux rêves à réaliser, d’idées à concrétiser dans tous les domaines et sur tous les continents grâce à internet entre autres et à l’acharnement de Loïc Pemzec et avant lui son père Édouard, sans lequel la tradition française de la figurine de plomb ne serait plus qu’une histoire lointaine au propre comme au figuré.
Cet article est issu du numéro 3 de la revue Cent un mille qui vient de paraître