Cizay-la-Madeleine : Lucien Gerbier et la belle aventure de l’agriculture à l’environnement
Lucien Gerbier a fêté ses 60 ans en 2018, avec un beau parcours de développement d’entreprises derrière lui. Toujours aussi passionné, il est intarissable sur son histoire, ses activités passées et à venir.
Les parents de Lucien Gerbier possédaient déjà une exploitation agricole de céréales et de vaches laitières à la Fosse-Bellay. Aujourd’hui encore, son père et sa mère, bien qu’à la retraite, passent presque tous les jours dans ses bureaux situés à deux pas de la maison familiale. Lucien Gerbier s’installe à 18 ans en GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun), avec ses parents pour faire de la polyculture et de l’élevage. Jusqu’en 1986, il va agrandir l’exploitation en reprenant les terres agricoles voisines en vente. Mais la mise en application des quotas laitiers cette année-là limite malheureusement la production. De plus, la brucellose a rendu fragile son élevage : quarante vaches sont abattues.
De l’agriculture à l’informatique
C’est au salon de l’agriculture en 1986, que Lucien Gerbier découvre la société ISAGRI spécialisée en informatique, et le projet de Jean-Marie Savalle. « Il cherchait des prestataires indépendants, installateur, formateur, directeur des ventes, pour démarcher dans le grand ouest les exploitations et les écoles agricoles, les chambres d’agriculture… Afin de les informatiser et d’optimiser leurs données grâce à des nouveaux logiciels de comptabilité, de gestion pour le suivi des parcelles, des fumures ou des troupeaux… Toujours dans l’idée de rendre plus autonomes les exploitations agricoles », souligne Lucien Gerbier qui quitte l’exploitation et devient prestataire indépendant. « Cette période fut très importante dans mon cursus et surtout très formatrice. » En son absence pendant cette période, sa femme, Brigitte, et un salarié agricole assurent les travaux de l’exploitation de 175 ha avec 80 vaches laitières.
En 1999, s’effectue la mise aux normes des bâtiments laitiers en les équipant d’un robot de traite dans les premiers en France. Ses deux fils, nés en 1979 et 1983, baignés dans le milieu dès leur plus jeune âge et aussi passionnés que leur père, ont étudié en Maison familiale rurale et en lycée agricole pour se destiner aux métiers agricoles.
La loi Voynet 1999 comme source d’inspiration
Suite à la mise en place du développement durable, inspiré par la loi Voynet de 1999 et jamais à court d’idées, il souhaite contribuer à la protection des terres agricoles. « Pour augmenter leur productivité tout en utilisant moins d’énergie, moins de chimie et moins d’eau, il existe trop peu de structures, dans les environs, pour collecter et recycler les déchets verts, la plus proche est à 80 km », constate Lucien Gerbier. S’entourant de conseils et d’appuis, notamment auprès de l’Ademe, il quitte son travail de prestataire indépendant et crée, en 2001, le groupe LBG Environnement pour valoriser les végétaux et le bois, puis crée Loire Compost Environnement, une unité de compostage des déchets verts issus de l’entretien des espaces verts et une autre plate-forme à Tours, Agri Compost Touraine Environnement, deux ans plus tard.
Il s’intéresse aussi au recyclage des déchets agroalimentaires que ses plates-formes se mettent à récupérer et permet à l’entreprise d’obtenir de nouveaux marchés d’entreprises locales comme France Champignon, Marie ou Fleury-Michon. En 2003, leur compostage comportait 60 % de déchets verts et 40 % de déchets agroalimentaires.
Une association pour être plus fort
Cependant, les appels d’offres étant trop souvent regroupés avec d’autres postes en plus du traitement des déchets, L’EARL ne pouvait y répondre. C’était également le cas de quatre autres exploitants similaires sur le territoire national. Ils décident ensemble de se regrouper pour créer l’association des Agriculteurs composteurs de France. La rédaction d’une charte de bonne conduite a été communiquée à l’Association des maires de France pour encourager les collectivités à séparer les lots de leurs appels d’offres. Aujourd’hui, l’association des composteurs compte 70 adhérents exploitants. Une autre association Agriculteurs Méthaniseurs de France naîtra par la suite, défendant les mêmes principes : 170 adhérents au niveau national.
L’histoire ne s’arrête pas là. En répondant à un appel à projet national Pôle de compétitivité pour l’élaboration de système de chauffage du complexe aquatique de Doué-la-Fontaine, en partenariat avec le Parc Naturel Régional Loire Anjou Touraine, Anjou Bois Énergie est créé. La chaudière de la piscine est alimentée par des plaquettes forestières réalisées à l’aide de broyeurs à couteaux transformant en plaquettes toutes les grumes de bois et rémanents d’abattage d’un diamètre maximum d’un mètre.
Un expert reconnu
Depuis 2007, le groupe familial a embauché en moyenne un nouveau salarié par trimestre. Aujourd’hui, il compte 46 salariés et il est expert reconnu dans quatre domaines : le bois énergie (granulés, plaquettes, bûchettes, bois bûches et grosses chaufferies de 8 kW à 100 MW) ; la collecte et le traitement de déchets verts ; les prestations de broyage, de criblage, de déchiquetage et de séchage de pépins de raisin et de différents fourrages et les supports de culture et de paillages : compost, terreaux, terre de bruyère, paillages, bois.
La relève assurée
Dans la continuité de ses projets de développement durable, le groupe LBG Environnement s’est récemment associé à la SémA-E, société d’économie mixte de la Communauté d’Agglomération Saumur Val de Loire et à Agriopale Services, un exploitant de stations de compostage et d’une unité de méthanisation du Nord, afin de créer une nouvelle entreprise locale : Saumur Énergies Vertes (SEVE) en vue de l’installation d’une unité de méthanisation à Chacé. Le biogaz produit à partir de ressources du territoire sera injecté directement dans le réseau GRDF pour alimenter environ 2 000 foyers et également disponible pour les transporteurs, puisque SEVE construit aussi une station de distribution pour les véhicules à Saumur. Les deux projets seront opérationnels début 2020 (lire notre article).
Créatif et insatiable, Lucien Gerbier veille à la pérennité du groupe LBG Environnement, qui devrait être assurée par ses deux fils, déjà impliqués dans l’affaire familiale, mais là c’est une autre histoire à écrire.
En date
1976 : Installation de Lucien Gerbier avec ses parents en GAEC
1978 : mariage avec Brigitte
1986 : Prestataire indépendant pour la société ISAGRI
1999 : Mise aux normes des bâtiments laitiers
2001 : Création du groupe LBG Environnement, de l’EARL Gerbier et fils, et de la société Loire Compost Environnement (LCE)
2003 : Création de la plateforme de compostage de Tours
2007 : Création d’Anjou Bois Énergie, cogérée par LCE et la société ETA Martin
2008 : Arrêt de la production laitière
2011 : Installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments à la Fosse-Bellay
2014 : Séchage de pépins de raisin locaux pour faire de l’huile
2017 : Création de la société Saumur Énergies Vertes (SEVE), avec la SémA-E et Agriopale
2018 : Passage en Bio de l’exploitation agricole.
Début 2019 : Démarrage des travaux de la station bio GNV (Gaz naturel pour véhicules) à Saumur et de l’unité de méthanisation à Chacé.
Début 2020 : Ouverture de la station bioGNV et mise en service de l'unité de méthanisation.
Photos : Coralie Pilard/Service communication Agglomération Saumur Val de Loire.