Ancien site Altrex à Saumur : l’Agglomération Saumur Val de Loire poursuit la requalification de cette friche industrielle. Point sur les travaux de dépollution.
Contexte
Afin de permettre le développement de nouvelles entreprises et s’inscrire dans les objectifs ZAN, l’Agglomération Saumur Val de Loire engage des démarches de réflexions sur la potentialité des friches.
La collectivité, aujourd’hui confrontée à une raréfaction du foncier en zone d’activités, s’est portée acquéreur de l’ancien site Altrex à Saumur qui avait connu une fin de production en 2018 après plus de 50 ans d’activité. Au cours des décennies, l’urbanisation autour de l’activité s’est développée. C’est pourquoi, l’environnement immédiat du site associe une diversité de typologies bâties et une mixité des usages.
Le projet de requalification du site Altrex se veut expérimental et novateur pour le territoire et la collectivité tant dans le processus de réflexion que dans la gouvernance du projet : prestataires spécialisés, partenaires institutionnels, assistant à maîtrise d’ouvrage…
L’Agglomération a donc mandaté dans un premier temps Alter Public afin d’élaborer un diagnostic complet pour la mise en sécurité du site. Dans le cadre d'une convention d'aide à la mise en sécurité par un tiers, Saumur Val de Loire a également reçu l’appui technique et financier de l’ADEME afin de procéder à l’enlèvement de l’ensemble des déchets dangereux et non dangereux.
La deuxième phase du projet, actuellement en cours, consiste en la réalisation des opérations de dépollution et de requalification du site. Les travaux de dépollution sont subventionnés par l’ADEME à hauteur de 100 % dans le cadre du fonds friches, fonds pour financer des opérations de recyclage et la transformation de foncier déjà artificialisé qui s’inscrit dans le plan France Relance.
A la suite de la mise en sécurité du site ALTREX, des actions de caractérisation environnementales ont été menées en vue d’évaluer la qualité des milieux et d’assurer la conformité de ceux-ci au regard des usages futurs envisagés. En parallèle, d’autres opérations ont également été conduites afin, notamment, d’évaluer l’état des bâtiments.
Indépendamment des travaux d’aménagement du site, le coût de l’opération de dépollution est de 550 000€ répartis comme suit :
• 290 000€ pour les travaux de dépollution par l’entreprise Solrem
• 40 000€ de travaux de démolition et de désamiantage par l’entreprise Justeau
• 50 000€ d’assistance à maîtrise d’ouvrage par Ginger Burgeap
• 170 000€ pour les études de diagnostic, sondages et autres études préalables.
Les travaux ont débuté en août 2023 et se poursuivront jusqu’à fin 2024.
Une visite de chantier s'est déroulée ce mercredi 17 janvier en présence de Jackie Goulet Claisse, Président de l'Agglomération Saumur Val de Loire, Maire de la Ville de Saumur, Michel Pattée, Vice-président en charge de l'Industrie, Maire de Doué-en-Anjou, Quentin Le Bihan, Responsable innovation chez Sol’Rem.
Description
Le projet de reconversion porte sur un changement d’usage des parcelles qui accueillaient l’activité industrielle d’Altrex pour un nouvel usage mixte incluant une association de réinsertion (association ASURE issue du dispositif Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée), un centre de maintenance et de lavage des bennes de la SPL Agglopropreté/Kyrielle, l’entreprise Néopolia et des ateliers ou usines relais.
L’un des axes majeurs d’aménagement du site est de conserver au maximum les bâtiments existants en permettant leur réhabilitation dans le but d’accueillir les futures activités.
Suite au diagnostic environnemental, investigations réalisées de février à avril 2022, deux secteurs avec une problématique de pollution de sols par les hydrocarbures (aux abords de cuves enterrées) ont été mis en évidence.
Une campagne d’investigation supplémentaire a été réalisée afin de caractériser au mieux les volumes et d’affiner les coûts de gestion.
L’objectif des travaux est donc de traiter les deux zones de pollution concentrées par un traitement de type Bioventing associé à un Venting pour atteindre les seuils de réhabilitation suivants (fixés dans le plan de gestion) :
• PC1 présente une superficie estimée de 90 m² avec une profondeur d’horizon impactée pouvant aller de 3 à 8 mètres de profondeur ;
• PC2 présente une superficie estimée de 390 m² avec une profondeur d’horizon impactée pouvant aller de 3 à 9 mètres de profondeur.
Le volume total à traiter est estimé à 1 200 m3, soit environ 2 200 tonnes.
Principe des traitements
Le traitement mis en place est un accouplement de différentes techniques :
- Biostimulation aérobie insitu avec un apport
• ponctuel en nutriment (azote et phosphore) ;
• continu d’oxygène et d’humidité.
Le traitement biologique aérobie permet de traiter la pollution par l’intermédiaire de micro-organismes. Le principe est de stimuler la flore microbienne du sol par apport de nutriments et d’oxygène. LaPollution hydrocarbonée du sol sera utilisée comme source de carbone.
- Venting pour l’aspiration des COV légers, induits par le traitement biologique.
Le Venting consiste à extraire des polluants volatils par la mise en dépression de la zone non saturée. Le traitement par Venting réalise une aspiration des gaz du sol qui est assurée par une turbine. L’aspiration des gaz du sol permet de déplacer l’équilibre physico-chimique entre les composés volatils présents dans les sols et ceux présents sous forme gazeuse, ce qui a pour conséquence de transférer progressivement les polluants sorbés dans les particules de sol vers l’air du sol. Une fois l’air chargé en composés volatils, extraits par aspiration, celui-ci est renouvelé dans les sols par de l’air « propre ». Il se crée alors un nouvel équilibre entre les polluants sorbés dans les sols et l’air renouvelé. Ce dernier se recharge progressivement en polluants, ce qui diminue la concentration dans les sols. Cet air chargé en composés volatils est de nouveau aspiré par l’unité et ce cycle se poursuit jusqu’à la dépollution du sol.
Venting/bioventing : précisions sur ce mode de fonctionnement
Le venting est un procédé de volatilisation des polluants par mise en dépression des terrains et aspiration de l’air des pores ; le bioventing est un procédé d’injection/circulation d’air dans le sol contaminé à des débits qui permettent l’augmentation des concentrations et la stimulation de l’activité bactérienne.
Comment ça marche ?
Ces deux techniques nécessitent un réseau d’ouvrages d’extraction d’air. Pour le bioventing, des ouvrages d’injection d’air doivent être ajoutés. Le venting consiste à appliquer une dépression générant une circulation d’air et la désorption des COV à traiter. Pour le bioventing, les débits d’injection doivent être réglés de manière à apporter suffisamment d’oxygène sans créer de circulation d’air turbulente pour ne pas limiter la formation des biofilms. L’air extrait est traité en surface dans des installations fonctionnant en adsorption (charbon actif), dégradation biologique (biofiltre) ou oxydation (catox).
Comment fait-on ?
Pour le venting, la mise en dépression de l’horizon à traiter au sein de la zone non saturée provoque des circulations d’air entre les régions des pressions élevées et de basses pressions. Le fait de réduire la pression dans les puits d’extraction en dessous de la pression atmosphérique génère une circulation d’air vers le puits. La circulation d’air peut être améliorée par injection d’air dans des régions autour de la zone contaminée. Les niveaux de dépression atteignent généralement quelques mbar à quelques dizaines de mbar dans le sous-sol et les débits extraits quelques m³/h/aiguille.
Pour le bioventing, une injection d’air dans les puits dédiés amène l’oxygène aux micro-organismes. Ils utilisant les polluants et les dégradent en composés non dangereux. Au final, les produits de réaction seront l’eau et le gaz carbonique. La production de CO2 est suivie pour vérifier le bon déroulement du traitement. Dans le cas contraire, le taux d’oxygène et la quantité de nutriments doivent être ajustés. Le bioventing permet de dégrader les molécules semi volatiles qui ne seraient pas désorbées par venting.
Avec quels moyens ?
• Puits d’extraction pour la mise en dépression des sols et aiguilles d’injection d’air ;
• Unité de traitement par mise en dépression ;
• Compresseur pour l’injection d’air ;
• Cuve tampon d’air comprimé ;
• Armoire de commande avec automate ;
• Nourrice de distribution avec électrovannes, manodétendeurs, débitmètres, capteurs de pression ;
• Dessicateurs/déshumidificateurs d’air ;
• Matériel de mesures et d’acquisition de données : PID, manomètres, débitmètres, détecteur de gaz (O2, CO2).